Smart city : Bordeaux entre espoir et défiance envers le numérique:
Le numérique est-il un contributeur du dérèglement climatique ou un allié pour l'endiguer ? La nouvelle majorité écologiste de Bordeaux ne semble pas encore avoir tranché. Jean-Noël Olivier, adjoint au directeur général, en charge de la stratégie et des systèmes d'information de Bordeaux Métropole et Christophe Colinet, chargé de mission smart city, ont présenté au JDN leur projet de feuille de route numérique qui, c'est important de le préciser, devra être entérinée par un vote au conseil métropolitain le 24 septembre prochain. Au programme : une stratégie qui fait la part belle au sujet de la sobriété numérique, mais espère aussi tirer profit du numérique pour améliorer les services publics et servir la transition écologique.
Du côté de l'amélioration des services publics, le grand chantier de la rentrée sera celui de leur unification. Comme dans la plupart des villes et métropoles, Bordeaux propose à ses administrés une myriade de sites, d'identifiants et de procédures variées pour accéder aux différents services publics locaux (déchets, état civil, permis de construire, signalements d'équipements défectueux, écoles...). "Ce sont des environnements très cloisonnés aujourd'hui, explique Jean-Noël Olivier. Notre objectif est de développer des outils simples permettant aux citoyens de réaliser toutes leurs démarches au même endroit et de savoir où en est leur demande." Cela implique un gros travail d'unification des systèmes d'information utilisés par les différentes équipes.
La 5G au placard
Mais cette mutualisation des services, qui va de pair avec une mutualisation des systèmes informatiques des 28 communes de la métropole, n'est pas sans cyber-risques, comme l'ont montré les piratages massifs subis par Angers et Marseille l'année dernière. "Plus vous mutualisez, plus les pirates peuvent toucher des services importants. La question n'est pas de savoir quand cela arrivera, car je crois que cela nous arrivera, mais plutôt de se préparer à gérer de genre de situations", reconnaît Jean-Noël Olivier. La métropole va développer un plan de continuité de l'activité afin d'être capable de fonctionner hors ligne dans les cas les plus extrêmes. Elle travaille aussi avec d'autres collectivités françaises au développement d'un système d'information de secours en cas d'attaque.
La question des réseaux devrait aussi occuper la majorité. La précédente mandature avait expérimenté son propre réseau IoT et commençait à se pencher sur la 5G. Mais la nouvelle majorité a mis en place un moratoire sur cette dernière. Une promesse de campagne… qui n'a nullement empêché les opérateurs de déployer le réseau nouvelle génération dans la métropole. Pas plus qu'elle n'a gêné les particuliers et les entreprises désireuses d'y souscrire. Seul impact notable, l'arrêt des expérimentations de la collectivité en la matière. Bordeaux réfléchit, en tout cas, à la mise en place d'un réseau intelligent maison qui mêlerait fibre, IoT, 4G et peut-être 5G, si le moratoire venait à être levé.
Comme pour la 5G, la métropole écologiste devra arbitrer entre l'impact environnemental et l'utilité du numérique sur un certain nombre de sujets. Elle souhaite ainsi développer des systèmes d'analyse de données afin de mieux comprendre son territoire. Elle compte également poursuivre les expérimentations et déploiements de technologies autour de la consommation intelligente des bâtiments. Problème, certaines de ces technologies, notamment celles permettant un agrégat et une analyse massive de données, peuvent s'avérer gourmandes en ressources. Comment gérer cette contradiction ? "Nous travaillons avec une start-up pour mesurer l'impact carbone de notre patrimoine numérique et de nos services, explique Jean-Noël Olivier. Cela nous permettra ensuite de travailler sur l'impact des services et de nous demander si ceux qui ont un impact carbone important sont vraiment utiles."