#15 / Pertes et modifications spatiales : la Promenade des Anglais après l’attentat du 14 juillet 2016 : Urbanités
Notre travail sur l’attentat, la mort de masse et leurs effets spatiaux nous a conduit à interroger la façon dont les usages d’un territoire « font avec » la perte et comment cette dernière transforme les territoires eux-mêmes. À travers ces deux cas d’étude, nous avons commencé à démontrer comment un même processus d’effacement et de production est à l’œuvre au niveau spatial, et comment la production d’une différenciation implique en elle-même une perte. Il nous semble important de souligner que ces pertes « symboligènes », bien qu’étant repérables à chaque fois, ne relèvent pas des mêmes processus. Ainsi, les productions spatiales se différencieraient aussi bien par leurs productions que par les types de pertes avec lesquelles elles apparaissent. Apparition d’éléments spatiaux et perte inhérente à ceux-ci semblent à chaque fois liées, dans des relations que nous avons explorées ici et que nous souhaitons valider encore par la suite avec d’autres terrains. Parmi ceux-ci, sans doute, aurons-nous alors à saisir le destin du monument aux morts du musée Massena, en hommage aux victimes de l’attentat du 14 juillet 2016, comme quatrième monument au mort – temporaire ? – de la Promenade des Anglais. Sa mise en ordre décidée des identités singulières (figure 8) est frappante et permet déjà de mettre en valeur une perte des particularités individuelles, alors qu’en parallèle, se construit un besoin commun de reconnaissance de la part des victimes et de leurs familles, exprimé auprès de la Ville mais aussi la Nation. Commémorer mais jusqu’à quand, comment et où ? : c’est toute la complexité du deuil public en espace urbain qui s’exprime ici.
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